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madame d’youville

travaux nécessaires pour mettre ce domaine en plein rapport. Cette femme si énergique n’hésita pas à faire construire à Châteauguay un autre moulin, à une lieue de celui qui existait déjà, sur la petite rivière du Loup. Et comme si elle avait entrevu l’avenir, elle indiquait elle-même aux ouvriers l’endroit le plus favorable à la construction de ce moulin, qui devait devenir une source de prospérité pour sa communauté.

Après le moulin s’élevèrent bientôt sur l’île une grange en pierre, une boulangerie, une belle et vaste écurie, et pour couronner tous ces travaux, Mme d’Youville fit bâtir sur ses terres de la Pointe Saint-Charles une maison en pierre à deux étages, destinée à servir de maison de campagne aux pauvres et aux enfants, qui pouvaient aller s’y reposer et s’y rafraîchir pendant la belle saison.

Cette seigneurie de Châteauguay, acquise par la fondatrice à un prix si minime, lui causa toutefois bien des inquiétudes et des fatigues. À peine l’avait-elle achetée qu’il lui fallut faire de nombreux voyages, afin de surveiller les différentes améliorations entreprises par sa prévoyance. « Elle y faisait. » dit M. Sattin, « de fréquents voyages, sans que les vents, les pluies, les neiges, la rigueur excessive du froid ou la difficulté des chemins souvent impraticables aient jamais pu l’arrêter, non plus que l’incommodité des voitures