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fait un bâtiment qui en logerait près de deux cents. Je n’ai rien. Le bon Dieu se contente de ma bonne volonté. »

Elle écrivait à un autre : « Je ne puis me persuader que le roi de France ne dédommage pas du tort fait aux communautés de ce pays, en particulier la nôtre, à laquelle il n’a jamais fait aucune rente depuis qu’elle a pris naissance, il y a vingt-neuf ans. »[1]

Cette justice, qu’elle attendait du roi de France, ne devait cependant arriver que plus de soixante ans plus tard, longtemps après la mort de la fondatrice et alors que Mère Lemaire était devenue supérieure. Nous verrons plus loin, en parlant de cette quatrième supérieure de la communauté, à la suite de quelles laborieuses et persistantes négociations le gouvernement français se décida à accorder l’indemnité réclamée.

Tout en faisant les grandes dépenses que la reconstruction de l’Hôpital Général l’obligeait de faire, Mme d’Youville ne pouvait pas négliger la nouvelle propriété qu’elle avait acquise l’année précédente ; l’intérêt bien entendu de sa communauté ne le lui imposait-il pas, d’ailleurs ? Sans se laisser arrêter par ces nombreuses difficultés, elle voulut, sans tarder et malgré les constructions commencées à Montréal, faire exécuter à Châteauguay tous les

  1. Lettre à M. Savary, 17 août 1766.