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madame d’youville

sœurs trouvaient dans la maison, que personne n’avait vu entrer et qui ne pouvaient avoir été mis dans l’Hôpital que par la main toute-puissante et invisible de Celui qui nourrissait les foules avec quelques morceaux de pain et quelques poissons.

Comme nous l’avons vu, Mme d’Youville avait poussé avec énergie les travaux de reconstruction de son Hôpital, et dès 1767 sa nouvelle installation était complète. Elle avait pourvu, semblait-il, à tous les besoins, car déjà avant l’incendie elle se plaignait de l’exiguïté de son établissement. Mais son désir de faire du bien et de soulager les malheureux était insatiable et croissait tous les jours.

L’augmentation rapide de la population de la ville lui donnait de nouvelles occasions d’exercer sa charité, et à peine deux années s’étaient-elles écoulées qu’elle aurait déjà voulu agrandir sa maison. Elle écrivait à Mgr Briand, évêque de Québec, le 22 septembre 1769 : « Il y aurait beaucoup de bien à faire si nous avions de quoi. Il se présente tous les jours des pauvres qui ont un vrai besoin ; mais nous n’avons plus de logement, et j’ai le cœur bien gros de les renvoyer. J’ai beaucoup à me louer de la part qu’on nous a faite sur les charités de Londres, puisque nous en avons eu en trois fois près de vingt mille livres. Mais il faut tant d’argent pour de telles bâtisses ! Si je savais où il y en a autant et que je le pusse prendre sans voler, j’aurais bientôt