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chose plus surprenante et regardée depuis comme miraculeuse, ce peu de vin, qui aurait dû ne durer que quelques jours, suffit à leur consommation journalière pendant près de trois mois et jusqu’à leur retour dans la maison ! La sœur dépensière, après avoir puisé pendant plusieurs semaines dans cette barrique aux trois quarts vide, vint avertir Mme d’Youville que le vin touchait à sa fin et lui demander si elle allait en acheter d’autre. Celle-ci répondit : « Tirez toujours, et ne vous lassez pas de tirer. » La confiance de l’une et l’obéissance de l’autre furent bien récompensées.

Cependant cet incendie avait mis Mme d’Youville dans une position fort difficile.

D’un côté, il lui fallait réparer le désastre, voir au paiement de ses obligations antérieures, s’acquitter des nouvelles charges qu’elle avait assumées pour l’achat de Châteauguay et pourvoir en même temps à l’entretien de ses pauvres et de sa maison.

D’un autre côté, bien qu’elle eût réussi à se créer des ressources pour les besoins ordinaires de son Hôpital, elle était cependant, même avant l’incendie, obligée de chercher et de trouver sans cesse de nouveaux moyens d’augmenter ses recettes, afin d’acquitter ses obligations antérieures et de continuer ses entreprises nouvelles.

Et ce qui aggravait sa situation en un pareil moment, c’est que non seulement elle n’avait plus le