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Après le premier incendie qui lui avait enlevé le peu qu’elle possédait, nous avons vu qu’elle en avait pris occasion pour se sanctifier davantage en se détachant plus parfaitement. Elle avait dit à ses sœurs : « Nous avions un peu trop nos aises, peut-être même un peu trop d’attache aux choses du monde ; désormais nous vivrons plus en commun et plus pauvrement. » Et le surlendemain de l’incendie, le 2 février 1745, elles mettaient en commun tous leurs biens, par un acte devenu la base de leur société.

Après le second incendie, qui frappa si cruellement Mme d’Youville, elle rendit gloire à Dieu, en répétant l’acte sublime de soumission qui a servi depuis Job à toutes les âmes résignées : « Le Seigneur nous avait tout donné, le Seigneur nous a tout ôté ; il n’est arrivé que ce qu’il a plu au Seigneur ; que son nom soit béni ! »

Mais ce n’était pas encore assez pour sa foi vive et magnanime, dit M. Faillon[1] : elle bénit Dieu de cet événement et, voulant faire passer dans le cœur de ses filles les sentiments dont le sien était rempli, elle leur dit, d’un ton ferme et assuré, en présence de ces bâtiments encore fumants : « Mes enfants, nous allons réciter le Te Deum à genoux, pour remercier Dieu de la croix qu’il vient de nous envoyer. »

Cri héroïque, cri sublime, qui n’a pas besoin d’être

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