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madame d’youville

mais nous nous sommes trompés dans notre attente. Dieu l’a permis ainsi, son saint nom soit béni ! »

Nous avons souvent fait remarquer de quelle force de caractère était douée Mme d’Youville. Aussi, malgré les inquiétudes et les craintes que lui inspirait l’avenir, elle restait ferme dans l’accomplissement de sa tâche, quels que fussent les obstacles nouveaux qui se dressassent devant elle.

Toujours prévoyante pour le succès de son œuvre, elle comprit bien vite que le changement de régime politique allait produire temporairement une baisse considérable dans la valeur des propriétés et qu’il serait sage d’en profiter pour assurer des ressources à son Hôpital. « Il va se vendre beaucoup de biens-fonds, et à grand marché, selon toutes les apparences, » écrivait-elle à M. Montgolfier, qui se trouvait alors en Europe. « On nous en a déjà proposé ; mais j’ai répondu que nous ne pouvions rien arrêter que vous ne soyez de retour. »[1]

Beaucoup de colons, en effet, après le traité de paix entre la France et l’Angleterre, se hâtaient de vendre leurs terres afin de retourner en France. Parmi ceux-ci se trouvait M. Joachim Robutel de Lanoue, propriétaire de la seigneurie de Châteauguay, qui avait cédé ses droits sur cette propriété à sa sœur, Mlle Anne de Lanoue.

La famille de Lanoue avait acquis cette seigneurie en 1706 de M. Lemoine de Longueuil, dont un

  1. Lettre du 2 janvier 1764.