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madame d’youville

douzaine d’œufs ou la livre de beurre, et jusqu’à quatre-vingts francs la livre de mouton.[1]

Au mois d’août 1760, trois armées ennemies marchèrent sur Ville-Marie pour soumettre cette ville, dernier boulevard de la colonie française au Canada.

Une de ces armées ayant débarqué, le 6 septembre, dans l’île de Montréal, la ville fut cernée le lendemain par les trois armées, fortes de trente-deux mille hommes. Ville-Marie, qui n’avait à opposer qu’à peine trois mille hommes, ne pouvait soutenir cette attaque ; cependant l’ennemi ouvrit le feu de trois côtés à la fois.

On a vu que Mme d’Youville avait fait entourer sa propriété d’un mur, et comme l’Hôpital Général était situé hors des remparts, le général anglais prit ce mur pour un retranchement et ordonna de le bombarder. À peine ce commandement était-il donné que l’on vit accourir un jeune officier venant supplier son chef d’épargner le couvent : « Vous ne savez pas, » lui dit-il, « qui habite cette maison, général, ce sont des femmes au cœur sensible et généreux qui maintes fois ont sauvé la vie aux nôtres, qui les ont soignés, pansés et guéris, et celui qui vous implore et demande grâce pour elles en ce moment aurait été victime de la barbarie des sauvages, si la supé-

  1. M. Faillon, p. 155 et 156.