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madame d’youville

elle prit sur l’heure la résolution d’élever tous les enfants trouvés. Cette même année, elle en adopta dix-sept, et l’année suivante, trente. Fidèle à sa résolution, elle n’en refusa jamais un seul, et, à sa mort, elle en avait reçu trois cent vingt-huit. Plusieurs fois, dit M. Faillon, Dieu, qui voulait mettre la foi de Mme d’Youville à l’épreuve, l’obligea à demander de l’aide au gouvernement, qui refusa, Dieu le permettant ainsi pour qu’on ne pût attribuer à d’autre qu’à Lui le soutien de cette œuvre. Mme d’Youville le comprenait mieux que tout autre, et c’est pourquoi elle compta toujours sur les secours inépuisables de la Providence.[1]

Dieu a récompensé cette grande confiance de la fondatrice en la faisant passer dans le cœur de ses filles. Elles n’ont, comme leur mère, jamais refusé aucun de ces enfants, malgré tous les embarras que cette œuvre devait leur créer. Et cependant elles n’ont reçu, durant une période de soixante ans, aucune rétribution du gouvernement. Après ce temps, on leur a accordé une allocation qui fut bientôt réduite, quoique le nombre des enfants trouvés augmentât chaque année.

Trente-un mille enfants trouvés ont été reçus à l’Hôpital Général depuis sa fondation. Ce nombre n’est-il pas plus que suffisant pour prouver qu’héritières du dévouement et de la charité de leur mère, les filles de Mme d’Youville ont continué son œu-

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