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madame d’youville

demandant, pour accomplir cette tâche, qu’une légère subvention. « Si la cour, » disait-elle, « approuve que nous restions ici et qu’elle soit dans la disposition de nous soutenir dans le bien que Dieu nous inspire de faire, nous prendrons soin des enfants trouvés. Ils ont ici tant de misère par le peu de soin que l’on en prend que, de vingt que l’on porte au baptême, il ne s’en élève que deux ou trois ; encore les voit-on, à l’âge de dix-huit ans, sans savoir les premiers principes de leur religion. J’en connais de vingt-trois ans qui n’ont pas fait leur première communion. »[1]

Le roi, comme seigneur haut justicier de l’île de Montréal, était chargé du soin de ces enfants, qu’il confiait à une sage-femme qui, à son tour, les plaçait en nourrice et plus tard en service jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Il y avait là une dépense qui justifiait la demande de Mme d’Youville d’un léger secours pour se charger de cette tâche.

Cependant, tout en accordant à Mme d’Youville de garder son hôpital, le roi avait résolu de ne faire aucuns nouveaux frais pour cet établissement, et cette partie de la demande de la Vénérable resta sans réponse. Mais Mme d’Youville ne pouvait se désintéresser de ces petits abandonnés ; elle consulta M. Normant sur ce qu’elle devait faire pour eux. Celui-ci, dont le cœur était aussi tendre et charitable que celui de Mme d’Youville, lui conseilla d’en adopter

  1. Archives de l’Hôpital Général.