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« Allez chez les Sœurs Grises, » disait-on, « elles ne refusent jamais rien. »

Dès l’année 1738, alors qu’elle venait à peine de commencer son œuvre, elle se chargea de faire différents travaux pour les troupes : des habits pour les soldats, des drapeaux et même des tentes. Elle travaillait aussi pour les marchands du Nord-Ouest : elle confectionnait des habits pour les sauvages et leurs femmes, et différents objets de fantaisie que les traitants échangeaient pour des fourrures.

Et loin de se ménager elle-même, la fondatrice était toujours rendue la première à l’ouvrage et prenait pour elle les travaux les plus fatigants. Un jour, l’intendant arrive à l’Hôpital au moment où elle était à faire de la chandelle : la sœur portière se hâte de la prévenir et lui demande de changer de robe. « Et pourquoi ? » dit Mme d’Youville, avec une simplicité de grande dame ; « je n’étais point prévenue de l’arrivée de M. l’intendant, il m’excusera et rien n’empêchera qu’il ne me parle. »

Tout en employant son temps et son aiguille à augmenter ses ressources pour les pauvres, le cœur de Mme d’Youville ne s’éloignait pas de Dieu : elle restait unie à lui par la prière, et sa piété savait s’harmoniser avec un labeur qui convenait aux dispositions de son âme. Elle voulut travailler pour le Dieu des autels, faire le pain eucharistique, les cierges destinés à éclairer le Saint-Sacrifice et les céré-