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madame d’youville

ne suis tenue qu’à laisser les choses telles que je les ai trouvées.

« J’attends donc de votre bonté que vous voudrez bien recevoir mes comptes et les signer. Ils sont dans toute l’équité dont je suis capable. »

Ces deux lettres, remarquables de mesure et de raison, étaient un plaidoyer à la fois éloquent et difficile à réfuter. M. Bigot n’essaya pas de lutter avec Mme d’Youville, ses droits s’affirmaient trop haut ; il résolut de la briser.

Seule et ayant contre elle tous les puissants de la colonie, il semblait que Mme d’Youville n’avait plus qu’à se soumettre à l’injustice dont elle était menacée ; mais elle était soutenue par Dieu, qui protégeait en elle la mère des pauvres et des opprimés et qui devait, à l’heure voulue, lui donner des défenseurs et des appuis.

La requête que Mme d’Youville avait portée à Québec avait été envoyée en même temps à Paris, à M. Cousturier, supérieur du Séminaire de Saint-Sulpice, qui se chargea de la présenter au roi. M. Cousturier jouissait d’une grande influence à la cour ; son appui avait beaucoup de valeur et pouvait contrebalancer l’influence de M. Bigot.

Dans un mémoire rédigé par M. de l’Isle-Dieu, chargé, sous la direction de M. Cousturier, comme seigneur de l’île de Montréal, de faire valoir les droits de Mme d’Youville et les offres qu’elle avait faites de payer toutes les dettes des frères, il était claire-