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madame d’youville

la nourriture. Je vous supplie, Monseigneur, de vouloir bien me faire rembourser ces avances. »

Après s’être adressée à l’évêque, Mme d’Youville avait compté que M. Bigot lui confirmerait la promesse de M. Hocquart, son prédécesseur ; on a vu que, dans son entrevue avec lui, l’intendant l’avait reçue avec la plus grande froideur. Sa conduite fut même odieuse vis-à-vis d’une personne aussi distinguée et aussi estimée que la fondatrice. Le 10 janvier 1751, Mme d’Youville lui avait rendu ses comptes et lui demandait le remboursement, des dix mille livres qu’elle avait empruntées pour l’hôpital. Pour toute réponse, M. Bigot la blâma d’avoir reçu une quinzaine d’infirmes dans sa maison et lui ordonna en même temps de faire labourer et ensemencer les terres de l’hôpital, avant de les céder aux religieuses de Québec.

Malgré ce manque d’égards et ce déni de justice, Mme d’Youville répondit à l’intendant, avec la plus exquise politesse et la plus grande douceur : « La lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire m’a d’autant plus surprise qu’elle me paraît entièrement contraire à l’ordonnance qui m’avait établie provisoirement directrice de cet hôpital et à ce que vous m’avez fait l’honneur de me dire vous-même quand je vous ai représenté le triste état de cette pauvre maison, dont tous les biens-fonds, étant en ruines, exigeaient de promptes et de grandes réparations. Rappelez, je vous prie, Monsieur, à votre mémoire