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madame d’youville

le gouverneur seul, M. de la Jonquière, lui promit son appui secret.

Pourtant, comme nous l’avons vu, Mgr de Pontbriant avait approuvé l’entrée de Mme d’Youville à l’Hôpital Général ; il avait consenti à la suppression des Hospitaliers ; il avait même promis, avec le gouverneur et l’intendant, de faire donner à Mme d’Youville la direction perpétuelle de l’établissement. Forte de ces approbations et de ces promesses, celle-ci ne pouvait renoncer à son entreprise sans tenter de se faire rembourser l’argent qu’elle avait emprunté pour réparer l’hôpital. Elle comptait que l’évêque au moins l’aiderait dans une demande aussi juste. Quels ne furent pas son chagrin, sa douleur même, lorsqu’elle reçut de Mgr de Pontbriant cette réponse qui l’atteignit au cœur : « Je pense qu’on se persuade, » lui écrivait-il, « que vous n’avez pas véritablement emprunté et que ces dépenses ont été faites sur des aumônes. » Quel soupçon pour une âme droite et sensible comme la sienne ! Cependant elle ne laissa pas échapper une plainte. Elle se contenta, dans une lettre respectueuse mais digne, d’exposer la droiture de ses intentions et la sincérité de sa demande.

Nous citerons en entier cette lettre, qui est un modèle de simplicité et de noble franchise :

« Monseigneur,

« Je suis sincère, droite et incapable d’aucun détour qui puisse déguiser la vérité ou lui donner un