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le restaurant robinet

chez la marchande de soldes, est en loques et dont les yeux au beurre noir louchent sur le bout du nez saignant.

Mais, chose plus barbare encore, M. Plusch, qui était d’un naturel compatissant, se mordait les lèvres et la moustache pour ne pas éclater de rire. Ç’avait été d’un si haut comique cette apparition d’un homme en fureur, sa tombée à bras raccourcis sur Échalote et cette phrase finale : « Souvenez-vous que je m’appelle Victor ! » Certes, il n’avait peur d’aucun Victor au monde, n’étant pas de cette espèce d’individus qui renâclent devant les coups à donner ou à recevoir, cependant il s’agissait de protéger sa maîtresse et de la mettre en garde contre de pareilles tentatives.

Tout en lui épongeant le visage il lui demanda compte de celle-ci, car il était de son devoir de connaître les motifs qui pouvaient, ayant Échalote au bras, lui attirer une semblable histoire. Elle avoua que ledit Victor avait été son amant durant une semaine, qu’elle avait été très gentille pour lui et son porte-monnaie, donnant à l’un et à l’autre son cœur et son argent, que Victor avait apprécié une situation lui permettant de rompre avec son métier de garçon coiffeur au profit du pari mutuel d’Auteuil et de Longchamp, que d’ailleurs il l’aimait et que le tas de gueules de cochons qui était là à rire de son aventure n’avait qu’à continuer ainsi, s’il tenait à ce que Victor lui fît son affaire.

Maintenant M. Plusch se prenait le ventre, tapait des mains sur la table et des semelles sur le sol :

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