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échalote et ses amants

Ce fut donc avec la joie la moins contenue qu’il écouta le bavardage précipité d’Échalote, et avec tout son intérêt pour elle qu’il y répondit ainsi :

— Ce que tu me dis est charmant, mais c’est à toi, maintenant, de ne pas compliquer les choses. Ton travail va te donner de l’autorité. Ne la perds pas en enfantillages. Il faut tenir les hommes et les rationner. Tu n’as qu’une chose à faire, c’est de ne pas tolérer à ton micheton de faire le maître autre part que dans son rez-de-chaussée. Continue à avoir mal au ventre, ça prend toujours. Fais-le marcher, raconte-lui des bourdes, dis-lui que tu dors mal quand tu couches à deux… Et puis, — termina-t-il, — si tu es bien sage…

— Quoi ? — fit Échalote tendrement anxieuse, — si je suis bien sage ?

— Eh bien, quand ta situation sera bien débrouillée, nous nous marierons.

Comme un magistral applaudissement, les premières mesures de la danse « transatlantique » éclatèrent. L’énergie des archets et le fracas des cuivres enlevaient les groupes. L’enfer musical brûlait les jambes : il fallait se trémousser quand même.

Échalote posa sa main gauche sur l’épaule de Victor et lui saisit l’autre bras. La cadence endiablée l’entraînait, elle aussi. Mais ses pieds ne bondissaient pas seuls. Tout son corps frissonnant abritait mal un cœur gonflé d’émotion.

— C’est vrai, tu feras ça ?

— Pourquoi pas ?

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