Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
ÉCHALOTE CONTINUE…

gogne qui picore un brin d’herbe, ont chassé la plupart des hôtes coutumiers, mais les ébats ailés de Victor étaient de la belle époque des locataires miteux.

Parmi les bouchons, il était un établissement particulièrement pittoresque. Manège à vélos pendant le jour, il se transformait le soir en une sorte de guinguette où, moyennant la consommation d’un bock ou d’un sirop, chacun pouvait y chanter ou y déclamer la sienne. Tous les artistes amateurs de la Butte, les ténors qui, le jour, sont barbouilleurs, les soprani qui sont couturières, les comédiens, les tragédiennes, qui sont ouvriers ou arpètes, s’y donnaient rendez-vous.

Il plaisait à Friquette des Paillons, à Victor et à Échalote, de se mêler à ces réunions. Ils y retrouvaient des amis de jadis, et certains, au courant de l’ascension artistique et mondaine de Mme Victor, intercédaient auprès d’elle pour qu’elle condescendît à les faire profiter de sa voix de fausset et de ses gestes de poupée mécanique. Elle ne s’y refusait pas : les dispensateurs d’émotions précieuses sont charitables aux profanes. Et, sur l’instable tréteau qui fascinait l’assemblée, on put admirer plus d’une fois l’Échalote des grands