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ÉCHALOTE CONTINUE…

« Pas de ça, Lisette, — songea-t-elle. — Après tout, qu’est-ce que je risque ? Je ne connais pas le type de l’autre soir, et il n’y a peut-être rien à en tirer. D’ailleurs si j’ai fait sur lui une impression forte, l’engueulade de Dutal l’émoustillera. »

Combien en avait-elle enregistré de ces tromperies découvertes qui, après des pleurs et des grincements de dents, se terminent par une recrudescence de tendresse et font élever la petite amie coupable au rang de maîtresse légitime ! Confiante en sa psychologie, le soir même elle guidait Adhémar chez le marchand de vins et d’esprits.

L’homme incriminé s’y trouvait, placide, devant un whisky-soda.

— Tenez, le voilà, — bougonna Échalote. — Et maintenant je m’en débarbouille les abatis.

Blême, les narines pincées, la voix rauque, M. Dutal s’adressa à l’inconnu :

— Ainsi c’est vous, monsieur, qui vous autorisez à pincer les femmes ? C’est vous qui, profitant de l’obscurité d’une séance d’occultisme, vous êtes permis de manquer de respect à ma maîtresse ?

— Mais, monsieur…

— Il n’y a pas de « mais monsieur », mon amie n’a pas hésité à vous reconnaître. Dans ces condi-