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ÉCHALOTE CONTINUE…

qui vous bouleverse et vous crispe et vous martyrise. En trois mots : le tord-boyaux de la gent amoureuse, le gingembre qui anime la cavale fourbue, le coup de trident qui fait rugir le fauve.

Donc, Échalote souffrait. Elle raffolait d’un fakir, et ne se fait pas aimer d’un fakir qui veut.

Elle l’avait connu à la foire de Montmartre, où il tenait boutique et, pour dix sous, prédisait aux gogos de stupéfiantes choses. Qu’avait-il annoncé à Échalote ? Elle ne s’en souvenait pas. Il lui avait pris la main pour y lire, et, tout de suite, elle s’était senti envahir par un frisson voluptueux qui lui avait mouillé les paupières et séché les lèvres. C’était la première fois qu’un tel symptôme se manifestait en elle. D’habitude, il lui fallait la patience de Victor pour le même résultat.

Elle était sortie de la baraque mal remise de cette émotion, et tout le long de la fête, qu’elle chevauchât sur les vaches à cornes d’or ou les très gros cochons, qu’elle montât dans les balançoires ou glissât sur le tobogan, l’impression avait duré.

— Eh quoi ! — monologuait-elle, — il ne me manque plus maintenant que de faire comme les femmes du monde et de tomber à la renverse parce qu’on me chatouille un brin.

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