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LES LEÇONS MAL APPRISES

voix traînarde qui se croient d’autant mieux chez eux qu’ils sont chez les autres.

Dans ces milieux l’heure de la « brème » coïncide avec celle du barbillon. La femme de ménage, en apportant le moka, n’oublie pas d’étaler Pallas et sa suite. Elle sait, pour s’être spécialisée dans le nettoyage des appartements d’amour, combien l’on est heureux, entre la grasse matinée et le harnachement des fins d’après-midi, de lézarder à son aise dans la pénombre des stores ou la tiédeur des salamandres. La bataille aux enchères terminée, on se livre au fer du coiffeur, lequel est, en général, à Montmartre, un jeune maladroit assez roublard pour s’être choisi, comme champ d’expériences, les forêts capillaires de ces dames de la Butte. Il sait, le petit merlan, qu’aucun autre quartier ne lui fournira en telle abondance les têtes à friser. Pour l’instant il prend de quinze à vingt sous pour une séance, mais quand il aura roussi toutes les tignasses de sa nombreuse clientèle, sa main sera faite, et il n’aura qu’à s’installer dans une autre région.

— Surtout, andulez-moi bien, — soupirent ses inconscientes victimes.

— Oui, princesse.

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