Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
ÉCHALOTE CONTINUE…

n’avait rien à envier aux acteurs de comédie ou de drame. Comme eux il lui fallait potasser des brochures et subir les rebuffades d’un régisseur plus ou moins courtois. Après l’existence montmartroise, musarde et variée, cet esclavage lui était odieux.

Ses débuts à l’Excelsior n’avaient pas été brillants. Le public, venu en masse pour apprécier l’arrivage d’étoiles, ne s’était pas déclaré satisfait. À son avis, la troupe manquait de corps de femmes car, pour des étrangers qui jugent mal le génie dramatique — et Dieu sait si Échalote en était lotie ! — le talent est en raison directe de la rotondité des formes. La veuve Victor était inconfortable pour un pays froid où les fillettes de joie qui circulent dans les rues ne doivent pas être d’un poids au-dessous de soixante kilos et arborer moins de cinquante centimètres de tour de mollet.

Tout être, même privilégié, connaît des heures de découragement et d’amertume ; toute muse subit des minutes d’inutilité : toute Égérie peut douter momentanément de son influence ici-bas. Perdue sur la terre chère à Montcalm, Échalote ne possédait plus le sien. Il lui manquait ses conseilleurs coutumiers : la Grande Bringue, Friquette des