Page:Jeanne-Landre-Echalote continue 1910.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
LA PENSION BICHETTE

sucre ! Vous verrez comme il est doux et poli… C’est lui qui fait le ménage… Vous lui ferez un petit cadeau, si vous voulez, de temps en temps. Il n’avait ni sou ni maille quand je l’ai connu… Un pensionnaire lui a donné une culotte ; moi, je lui ai prêté du linge… Ça lui va, pas vrai ! On dirai un petit roi.

Chacun admire la tenue de l’éphèbe : un pantalon qui a dû jouer tous les Brichanteau du répertoire et une chemise de nuit rehaussée d’un col et d’un jabot de dentelle mécanique. Bichette, surpassant saint Martin, n’a pas donné que son manteau à son protégé.

Quand on doit vivre en pays étranger, le moins triste est peut-être de tomber dans une pension Bichette. Ces maisons combattent l’ennui et promettent de l’imprévu. La troupe, assez satisfaite du décor, s’installa, et, pour le premier repas, le directeur, qui vint rejoindre ses artistes, se fit précéder de quelques litres de vin, à peu près buvable, de la Californie.

Bichette était radieuse. Plusieurs nouveaux venus avaient pris son cœur. Elle tapait dans le