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ÉCHALOTE CONTINUE…

fusil d’épaule, — décréta Victor, une nuit, dans le tête-à-tête de l’oreiller.

— J’y pense et j’en ai le taf.

— Bah ! un clou chasse l’autre ! Un amant de perdu, dix de retrouvés !

— Les temps sont durs…

— Chut… Écoute… — fit Victor. — On joue du violon dans la rue.

Une cacophonie étrange montait jusqu’à eux. La Berceuse de Jocelyn, coupée de matchiche et d’airs d’Offenbach, rompait le silence de l’impasse Blanche-Neige. Des coups d’archet aigres tentaient des pizzicati, des arpèges échevelés, des notes tremblées sur la chanterelle. Soudain une voix accompagna l’instrument :

La môme Échalote, ohé !
Viens à ta fenêtre.
C’est l’amour qu’est à tes pieds,
Montre ta frimoussettre.
Je t’aime, tu le sais bien ;
Oh ! descends, ma blonde.
En dehors de ton joli sein,
C’est la fin du monde.

— Qu’est-ce qui vient goualer à cette heure ? — bougonna Victor. — Va donc z’yeuter.