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DEUX PILIERS DE MONTMARTRE

dre que je suis à son goût. Ce qu’elle cherche, c’est moins un amant que le moyen de semer sa famille. Le résultat est le même pour moi. Cependant je reste inquiet devant certaines révoltes de la môme quand je parais m’intéresser à sa vie privée. Enfin, on s’entend pour rentrer chez moi, et la nuit jette son voile sur ce que la pudeur défend de préciser. Le lendemain matin, après le chocolat du Planteur, je dis à Bébelle : « Ma gosse, je ne veux pas nuire à ta respectabilité, il faut retourner à ton turbin. Voilà mon petit cadeau… À la revoyure ! » Elle me quitte, triste, très triste… Une heure après on carillonne à ma porte. J’ouvre et je vois Bébelle le nez dans un mouchoir plein de sang et un œil au beurre noir. Je pense immédiatement qu’elle a reçu une tripotée d’un jaloux quelconque. Ouat ! c’était bien autre chose… Elle m’explique que ce jaloux est son papa, lequel a l’habitude, chaque soir avant de se coucher, d’aller dire à sa fifille un bonsoir peu ordinaire de la part d’un paternel. « Ah ! ah ! ah ! que je m’écrie, c’est donc là ce secret plein d’horreur que tu ne voulais pas m’avouer ? Ton père est satyre ! — Hélas, soupira le malheureux rejeton, voilà trois ans que je suis sa victime, mais c’est fini, je ne