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M. PLUSCH TROUVE UN ADVERSAIRE

famille. Ne cherchez pas vos croquenaux, je me les adjuge. »

M. Plusch, autant que le lui permettait son abdomen, fit un bond jusqu’à l’armoire où s’alignaient ses chaussures à tous usages, depuis les brodequins américains jusqu’aux souliers vernis. La planche, réservée à l’élégance de ses pieds, était nette de tout chef-d’œuvre de cordonnerie.

— Coquine ! coquine ! — s’écria-t-il. — Ah ! elle me le paiera.

Aucun vol n’eût pu le désespérer à ce point. Les chaussures étaient son luxe, et il avait l’habitude de s’en acheter de nouvelles paires chaque fois qu’un bénéfice tombait dans son gousset.

— Ça m’apprendra à faire le bien, — monologuait-il dans son désarroi. — Comme si je n’avais pas assez d’Échalote pour me tirer des carottes et me mettre sur la paille, peuh, peuh ! Mais je retrouverai mes chaussures, foi de président des Embêtés du Dimanche ! Quand je devrais arpenter le monde, je les retrouverai !

À partir de ce jour, il sacrifia quotidiennement trois ou quatre heures à une promenade pédestre. Son but n’était ni de humer l’atmosphère poussiéreuse de Montmartre, ni de faire une gymnastique