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et bon regiment sor tos atres ; ilh astoyt lyez, gays, jolis et savoit fair chanchons et vierlais, et queroit tos desduys et tos ses solas, et en ce faisant ilh acquist grandes pentions et grans hiretages : se ly fist Dyez la grasce qu’il viskat tot son temps en prosperiteit et en gran santeit et fut anchiens de quatreviens ans ou plus quant ilh trespassat, et selont son estat furent reverement et costablement faites ses exeques ; ilh ou en ses anchiens jours une paire de fis germeaz d’une poirture, nommeis Johan et Gilhes, quy furent d’une damoys[elle] de bonne estration, qui estoit de linage de Preit, filhe delle sereur Stassien de Preit et Gilhon de Preit, az queis dois germeaz ilh laissat grans possessions : ly ainsneis est chevalier et sires de Hemricourt, et Gilhe est chantes et cannones de Saint Martin en Liege. Ly dis mess[ire] Johan, fis de vailhant cannones dessurnommeis est hautement marieis à une dame de noble sanc de Dufle et de Marlines et en at des beaz enfans et at encargiet les armes d’Opliews teilement que ses bon peires les portat, et acquist par discange novellement la saingnorie de Hemricourt et de Lantremenges, et est en bon estat, et ly dis Gilhes ses freires est bons et envoysiez compains. »

Jacques de Hemricourt nous fait ainsi connaître la vie fastueuse du chanoine de Saint-Lambert et nous apprend que dans sa vieillesse il eut de Marie des Prés, fille de Gilles des Prés, d’une maison fort puissante à Liège, deux fils jumeaux, Jean et Gilles, dont il reconnut la naissance. De ces deux fils, auxquels il laissa de grandes richesses, Jean, l’aîné, fut chevalier, l’autre, Gilles, fut chanoine de Saint-Martin de Liège et composa une chronique intitulée : Li livres des mervelles et notables faits puis la creation dou monde[1].

  1. Cette chronique, que l’on crut longtemps perdue, fut retrou-