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de l’obéissance nous montre une fois de plus l’esprit élevé de sa pédagogie : « L’obéissance des enfants, à part le motif qui l’inspire, n’a d’autre valeur que de faciliter la tâche dos parents. Envisageriez-vous comme un indice favorable du perfectionnement de l’âme la disposition de l’enfant à plier sa volonté à celle de tous les hommes ? Quel être souple et flexible vous feriez de lui pour tourner sur la roue de la fortune ! Mais ce que vous vous proposez d’obtenir, ce n’est pas son obéissance, c’est sa disposition à obéir, son amour, sa confiance, sa force de renoncement, son respect pour ce qu’il y a de meilleur ». Partout et toujours, le maître doit s’oublier pour le plus grand bien de ses élèves, résister à la vanité puérile d’exercer son pouvoir pour l’unique fin de se glorifier d’une docilité extérieure qui n’est souvent que de la dissimulation, et mettre à la place d’une autorité faillible et arbitraire l’autorité parfaite de la loi morale à laquelle il doit être le premier à se soumettre. Plus le maître s’efface pour laisser parler ce maître suprême, plus il rencontre de disposition à obéir et de respect pour sa volonté. Mais qu’il se garde de s’attribuer le mérite de cette libre soumission qui est le principe de la vie morale, car il ne l’a obtenue qu’au nom du devoir, dont il voit, aux yeux de ses élèves, la vivante personnification. Toute sa force est dans l’amour désintéressé du bien. L’ambition personnelle, le désir immodéré du succès et l’impatience de produire des résultats visibles, tous ces sentiments mesquins sont