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chétifs sont ordinairement timides et craintifs. Il faut donc, par des soins éclairés et vigilants, fortifier le corps afin que le libre jeu des organes facilite l’œuvre de l’âme. Plus l’âme sera libre et forte, plus elle réagira sur le corps pour le maintenir en santé, pour en régler toutes les activités. Un système de compression ne peut produira que des êtres affaiblis, sans ressort, soumis par la crainte, incapables d’agir avec vigueur dans les circonstances difficiles, dépourvus de courage pour lutter contre eux-mêmes et développer leur individualité. C’est à l’école des stoïciens que Jean-Paul veut former l’âme à cette inflexible vertu, que rien ne peut ébranler et qui supporte la douleur avec équanimité. Il propose même d’inventer des exercices ayant pour but de fortifier contre la souffrance. Mais la vie se charge de fournir à l’homme, et même à l’enfant, les occasions d’exercer son courage et sa patience. C’est de l’orgueil, que d’aller au-devant de la douleur : il suffit de la recevoir avec fermeté et de la souffrir sans défaillance La force d’âme est doutant plus admirable qu’elle est plus dépourvue d’ostentation et qu’elle agit avec plus de simplicité, comme si elle suivait naturellement sa voie. C’est vouloir se donner le change que de dire que la douleur n’est qu’un nom : puisqu’elle est une discipline indispensable à l’âme et qu’elle préside à la naissance et aux progrès du moi idéal, il serait absurde et contre nature de la nier et d’en diminuer les effets salutaires. La vertu calme et paisible des stoï-