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Mais, bientôt, disgracié par l’empereur et poursuivi par le peuple qui demandait sa mort, Eutrope ne trouva d’asile que dans l’église de Sainte-Sophie, au pied même de la chaire pontificale, du haut de laquelle Chrysostome défendit de sa parole le ministre proscrit.

Cependant l’éloquence hardie de Chrysostome, la liberté de ses censures déplurent à l’impératrice Eudoxie, femme avide et corrompue. Elle le fit exiler près du mont Taurus, et ensuite sur les bords du Pont-Euxin. Ce fut là qu’affaibli par l’âge et par les fatigues, il mourut à Comane, bourgade du Pont, en 407.

« L’éloquence de Chrysostome, dit M. Villemain, a sans doute, pour des modernes, une sorte de diffusion asiatique. Les grandes images empruntées à la nature y reviennent souvent. Son style est plus éclatant que varié ; c’est la splendeur de cette lumière éblouissante et toujours égale, qui brille sur les campagnes de la Syrie. Toutefois, en lisant ses ouvrages, on ne peut se croire si près de la barbarie du moyen âge. On se dit : la société va-t-elle renaître sous un culte nouveau, et remonter vers une époque supérieure à l’antiquité sans lui ressembler ? Le génie d’un grand homme vous a fait cette illusion. Vous regardez encore, et vous voyez tomber l’empire démantelé de toutes parts. »