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25 livres pour Paris, à 30 pour les départements ; le 1er germinal (21 mars 1795), à 32 livres 10 sous pour Paris, à 37 livres 10 sous pour les départements ; le 1er prairial (20 mai 1795), à 45 livres pour Paris, à 50 pour les départements — les prix du début sont plus que doublés ; — le 1er messidor (19 juin 1795), à 70 livres pour Paris, à 75 pour les départements ; le 1er fructidor (18 août 1795), à 120 pour Paris, à 125 pour les départements, environ six fois les prix de l’an II ; je donnerai plus tard (chap. xv) les prix de l’an IV. Robert Lindet qui sortit du comité de salut public le 15 vendémiaire an III (6 octobre 1794), a écrit dans le compte rendu de son mandat à la Convention daté du 2 brumaire an IV-24 octobre 1795 (Robert Lindet, par A. Montier, p. 318-319) : « Lorsque je sortis du comité de salut public, 100 livres en assignats étaient reçues à Bâle pour 38 francs en numéraire. Le lingot d’argent valant réellement 55 francs, ne se vendait que 90 francs ; la pièce d’or de 24 francs ne valait pas 47 francs » ; et, à son avis, — comme il le dira, le 7 frimaire an IV (28 novembre 1795), en réponse au rapport sur la situation des finances fait par Eschassériaux aîné le 22 brumaire (13 novembre) précédent (Idem, p. 329), ce n’est pas l’an II, mais l’an III qu’il faut rendre responsable du mauvais état des finances publiques et, nous le verrons (chap. ix), de l’armée et de la marine.

CHAPITRE VII

LES ÉMEUTES DE LA FAIM. — LE 1er PRAIRIAL AN III.

(nivôse à fructidor an III-janvier à août 1795.)

Loin de n’être que momentanée, comme certains l’avaient naïvement espéré de l’abrogation des lois du maximum, la cherté persista, en s’aggravant, au contraire, durant un hiver exceptionnellement rigoureux : du 5 nivôse (25 décembre) au 10 pluviôse (29 janvier) la Seine était prise. De plus, le 30 nivôse (19 janvier), conformément à l’arrêté mentionné à la fin du chapitre iii, les ateliers d’armes étaient fermés et, le lendemain, commençait un cruel chômage pour une quantité d’ouvriers dépourvus de ressources. Avec la misère, augmentaient le mécontentement et l’agitation. Sans tarder, les députés se basant sur le renchérissement des vivres, portaient, dès le 23 nivôse (12 janvier), leur indemnité quotidienne de 18 à 36 livres. Comme l’a écrit Levasseur (de la Sarthe) dans ses Mémoires (t. IV, p. 71) : « Au lieu de prendre une mesure générale et salutaire, ils rendirent, en leur faveur seulement, un décret mesquin ». Levasseur et Duhem (Ibid ;. 71) parlèrent contre la proposition et le dernier dit avec juste raison : « Lorsqu’il s’agit d’augmentation, nous ne devons parler de nous qu’en dernier lieu » (Id. p. 76 et Moniteur). En