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alliés en Italie, le général autrichien Klenau voulut, le 4 fructidor (21 août) tenter un coup de main sur cette dernière ville. Il réussit à nous enlever Chiavari, sur la côte orientale du golfe de Gênes ; mais, le 9 (26 août), il en était chassé, sans avoir été soutenu par Souvorov, qui ne parut nullement tenir à ce que Gênes tombât entre les mains de l’Autriche ; quant à lui, le 3 (20 août), il avait campé à Asti, où il reçut officiellement connaissance, le 25 août du nouveau plan concerté entre les alliés et dont il a été parlé plus haut. Les colonnes de Championnet sur les Alpes eurent quelques petits succès ; celle de gauche emportait, le 23 thermidor (10 août), le poste retranché de la Thuile, près du col du Petit Saint-Bernard, celle du centre, le 14 fructidor (31 août), enlevait Pignerol, celle de droite, le 9 (26 août), poussait au delà du fort de Demonte, dans la direction de Coni, et arrivait sous les murs de cette place le 16 (2 septembre). Mais ces mouvements ne pouvaient être que très restreints, et Souvorov ne les jugea pas de nature à retarder son départ pour la Suisse, après la capitulation conditionnelle du fort de Tortone dont le commandant s’engagea, le 8 (25 août), à le rendre le 25 (11 septembre), s’il n’était pas secouru avant cette date. Souvorov remit le commandement de l’armée autrichienne à Mélas et, le 22 (8 septembre), se dirigea vers Casale. Averti en route que Moreau allait profiter de son départ pour tenter de secourir Tortone avant le 25 (11 septembre), il revint sur ses pas et, le 24 (10 septembre), son armée reparaissait dans les environs de Novi. Devant ce déploiement de forces ; Moreau renonça à son projet ; le lendemain, le fort de Tortone était livré aux alliés et Souvorov reprenait sa marche vers Lugano. Nous allons voir combien ce retard de trois jours eut pour nous d’heureuses conséquences.

Aussitôt après son entrée à Zurich (18 prairial-6 juin), l’archiduc Charles établissait le gros de son armée sur la chaîne de collines qui sépare la Glatt de la Limmat. Jusqu’au 27 (15 juin), il y eut de petits combats à la suite desquels les Français reprirent quelques postes qu’ils avaient perdus ; en revanche, Jellachich, envoyé contre Lecourbe, arriva à Utznach ; le 20 (8 juin), et occupa, sans rencontrer de résistance, Glaris et Schwyz. Puis commença une période pendant laquelle l’archiduc attendant l’arrivée du corps auxiliaire russe de Korsakov, et Masséna les renforts annoncés par le gouvernement, se bornèrent à s’observer. L’archiduc essaya d’attirer l’attention de Masséna vers l’Alsace en faisant, le 5 et le 7 messidor (21 et 25 juin), attaquer par le général Starray nos postes du Bas-Rhin. Ceux-ci durent se replier, abandonnant toutes leurs positions de la rive droite ; mais, le 18 (6 juillet), certaines d’entre elles étaient reprises, et Masséna, sans se laisser troubler par ces démonstrations, ne bougea pas de la Suisse. Ce fut après ces incidents que le gouvernement décida, ainsi qu’il a été dit tout à l’heure, la formation d’une « armée du Rhin » qui eut au début son quartier général à Türkheim, non loin de Colmar.