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Waldshut à Bâle ; le centre s’installa à l’ouest de Winterthur, entre la Töss et la Glatt — rivière allant, du lac Greifen, se jeter dans le Rhin au-dessus de Kaiserstuhl — et à l’est du lac de Zurich, à Utznach et à l’embouchure de la Linth ; Lecourbe, qui recevait l’ordre de quitter le Saint-Gothard et de se replier avec la droite par la vallée de la Reuss en se rapprochant du centre, arriva à Altdorf à la fin de mai. Au moment où Masséna s’attachait à couvrir principalement Zurich, il avait la chance que la cour de Vienne rassurée sur le sort du Tirol et du Vorarlberg par la reprise des Grisons, s’intéressant peu, dès lors, aux opérations de la Suisse et désireuse de frapper un coup décisif en Italie, ordonnât à Bellegarde de joindre son armée à celle de Souvorov en laissant 10 000 hommes pour s’emparer du Saint-Gothard et garder la Valteline. Le général autrichien se dirigea aussitôt par le Splügen sur Chiavenna, où il était le 2 prairial (21 mai), et de là sur Côme, où il réunissait ses forces le 9 (28 mai).

À la suite de la retraite de Masséna, Hotze, passant le Rhin, avait occupé Saint-Gall le 4 prairial (23 mai). Ce même jour, l’archiduc Charles qui tenait à pénétrer en Suisse faisait aussi passer le Rhin à son armée concentrée aux environs de Singen ; dès le 2 (21 mai), son avant-garde avait franchi le fleuve à Stein et poussé jusqu’à Frauenfeld. Si Masséna remporta, le 5 et le 6 (24 et 25 mai), à Frauenfeld et à Andelfingen des succès qui firent éprouver aux Autrichiens des pertes sensibles, il ne put empêcher la jonction des corps de Hotze et de l’archiduc, le 7 (26 mai), sur la rive droite de la Thur. Le 8 (27 mai), les Autrichiens arrivaient sur la Töss et s’emparaient de la ville de ce nom ; le lendemain, ils marchaient sur la Glatt, et Hotze enlevait le pont de Dübendorf ; les armées ennemies, groupées aux environs de Zurich, n’étaient plus séparées que par la Glatt. Le 16 (4 juin), après une journée meurtrière pour eux, les Autrichiens passaient sur la rive gauche de cette rivière et la gardaient. L’archiduc préparait pour le 18 (6 juin) une nouvelle attaque contre Masséna, lorsque celui-ci, dans la nuit du 17 au 18 (5 au 6 juin), évacua son camp retranché de Zurich, se retira sur la rive gauche de la Limmat et prit de nouvelles positions sur les hauteurs de l’Uetli-Berg. Il avait une bonne ligne de défense, communiquant à droite avec Lecourbe qui tenait Lucerne, à gauche avec les troupes qui défendaient le Rhin de Waldshut à Bâle, dans laquelle il se décida à attendre des renforts. Le 18 (6 juin), l’archiduc Charles entrait dans Zurich.

Nous avons laissé l’armée d’Italie derrière l’Adda. Quand Moreau en prit le commandement, affaiblie par les pertes subies et par les garnisons laissées dans certaines places, elle ne comptait plus que 28 000 hommes disséminés, par Scherer, de Lecco, où Sérurier était à la pointe orientale du lac de Côme, à Lodi, où se tenait Victor. Grenier commandait au centre, à Cassano, sur la rive gauche de l’Adda. L’armée austro-russe s’était avancée vers l’ouest ; si son avant-garde, sous les ordres de Bagration, avait vu, le 6 floréal (25 avril),