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certaines places et de diminuer ainsi son effectif. Son départ facilita la tâche des partisans du roi en insurrection contre la République napolitaine et contre les Français. À l’abri en Sicile, Ferdinand IV avait le 25 janvier, nommé « vicaire général du royaume », en lui délégant tous les pouvoirs, un certain cardinal Ruffo à qui, dit Jomini (t. XI, p. 327), « Pie VI avait donné le chapeau pour se débarrasser d’un trésorier infidèle ».

Le 8 février, Ruffo pénétrait en Calabre et bientôt les populations se soulevaient à son appel ; fin avril, il en était maître et entamait la Basilicate. Il avait réuni une vingtaine de mille hommes, parmi lesquels se, trouvaient certains moines, allant alternativement de l’escroquerie religieuse au brigandage de grande rente. D’un autre côté, en mai, le chevalier Antonio Micheroux, ayant obtenu d’Ouchakov l’appui de détachements russes, entrait à Bari le 14, à Barletta le 16, à Foggia le 21. Les bandes de Ruffo et de Micheroux approchaient bientôt de Naples, le 9 juin à Avellino le 11 à Nola, le 13 à Portici, et ce même jour les républicains éprouvaient une défaite, à la suite de laquelle, les 14, 15 et 16 juin, les émeutiers ; de la réaction catholique et royale commirent à Naples des atrocités. Après de longs pourparlers, une capitulation était signée le 4 messidor (22 juin), comportant l’évacuation des forts par les républicains, mais le maintien, au fort Saint-Elme, de quatre otages qui devaient être garants de l’exécution de la convention en vertu de laquelle les forts seraient livrés dès l’arrivée des transports chargés de conduire leurs garnisons à Toulon ; les soldats napolitains qui s’y trouvaient et qui préféreraient rester à Naples, ne devaient pas être inquiétés (Revue historique, t. LXXXIII, p. 256 à 260, La fin de la République napolitaine, par H. Hueffer).

Tout était entendu, l’exécution de la capitulation était commencée, quand, l’escadre anglaise, sous les ordres d’Emma Hamilton et de Nelson, aborda, dans la baie de Naples ; ce couple manifesta aussitôt (24 juin) l’intention, et bientôt, autorisé par l’ignoble reine (25 juin), ordonna de ne tenir aucun compte de ce qui avait été convenu (28 juin). Nelson prit l’initiative des crimes les plus odieux ; assassinats et incendies eurent raison des républicains napolitains. Cet homme, qui est encore en Angleterre l’objet d’une dévotion véritablement excessive et qu’un lion si grotesque pleure dans la cathédrale de Saint-Paul à Londres, a, d’après Jomini (t. X, p. 199), « terni sa gloire à Naples par des cruautés dégoûtantes ». Le commandant français du fort Saint-Elme, Méjean, eut le triste courage d’assister, sans risquer une protestation à ces ignominies ; il ne gêna en rien les préparatifs de siège faits autour de son fort et, à la première attaque, il signa une nouvelle capitulation livrant à leurs bourreaux les Napolitains réfugiés auprès de lui et restituant les otages. Capoue capitulait le 10 thermidor (28 juillet) et Gaëte le 11 (29 juillet). Le 7 vendémiaire an VIII (29 septembre 1799), les garnisons françaises du château Saint-Ange à Rome, de Civita-Vecchia et de Corneto, que bloquaient