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les cinq autres de 3 mois en 3 mois. Cependant (art. 8) pour les « usines, maisons et bâtiments servant uniquement à l’habitation et non dépendants de fonds de terre », le prix ne pouvait être payé qu’en bons de remboursement sur une mise à prix « de deux fois l’estimation en numéraire à vingt fois le revenu annuel ».

À propos des biens nationaux dont je n’aurai plus à parler, voici des chiffres résumant l’ensemble des opérations faites depuis le 17 mai 1790 jusqu’au 30 frimaire an IX (21 décembre 1800). Les ventes ont porté sur 1 052 899 articles (857 034 du 17 mai 1790 au 30 brumaire an IV-21 novembre 1795, 156 634 entre cette époque et le 23 vendémiaire an VII-14 octobre 1798, et 39 231 à partir de cette dernière date) et ont produit nominalement 16 milliards. Mais il ne faut pas oublier que la possibilité de s’acquitter avec des papiers avilis faisait monter le prix des adjudications à un chiffre nominal beaucoup plus élevé qu’il n’était en réalité. À quelle valeur réelle, à quelle valeur en or, cela a-t-il correspondu pour l’État, c’est ce qu’il serait très difficile d’évaluer exactement, étant donnée la diversité des papiers admis en payement et la diversité, suivant les époques, des taux de chacun d’eux : il faudrait examiner les ventes une à une. Après avoir cité les chiffres donnés plus haut et empruntés à l’ancien ministre des finances Ramel (Des finances de la République française, p. 38 à 46), M. Stourm, dans son ouvrage Les finances de l’ancien régime et de la Révolution, détaille ainsi « la vraie valeur des propriétés sur lesquelles la Révolution mit la main » : « 3 milliards pour les biens du clergé et de la Couronne », « 2 milliards et demi pour les biens des émigrés, des condamnés et de divers particuliers », 250 millions pour les objets mobiliers de toute origine et de toute nature, soit « un total de 5 milliards 750 millions » (t. II, p. 461 et 471).

Pour les ventes de Paris, les sommiers des Archives de la Seine n’indiquent pas toujours la profession des acquéreurs. Parmi les professions indiquées, j’ai relevé les suivantes : apothicaire, architecte, aubergiste, bijoutier, boucher, boulanger, brasseur, carreleur, charpentier, charron, cordonnier, couverturier, député, employé, entrepreneur de bâtiments, épicier, fabricant de chapeaux, fabricant de tabac, ferblantier, ferrailleur, fondeur, fripier, fruitier, fumiste, homme de loi, horloger, jardinier, joaillier, libraire, limonadier, maçon, marbrier, maréchal, marchand de bois, marchand de couvertures, marchand d’estampes, marchand de vins, mécanicien, médecin, menuisier, mercier, négociant, opticien, orfèvre, papetier, parfumeur, pâtissier, peintre, plombier, quincaillier, rentier, sculpteur, sellier, serrurier, tabletier, tailleur, tanneur, tapissier, toiseur, traiteur. Les professions qui semblent revenir plus souvent que les autres sont : marchand de vins, boulanger, architecte, entrepreneur de bâtiments, serrurier, menuisier. Un des menuisiers fut l’ami de Robespierre, Duplay, qui, locataire principal avant la Révolution pour le prix de 1 800 livres d’une maison appartenant aux Dames de la