Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/414

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défensive fut signé à Paris entre la République helvétique et la République française.

Mulhouse était une république indépendante, alliée, je l’ai dit plus haut, de la Confédération suisse. Enclavée dans la France dont la douane entravait son commerce, elle avait obtenu, en mars 1794, du comité de salut public, non la libre communication pour tous les produits, qu’elle demandait, mais un régime de faveur pour certaines marchandises déterminées ; ce régime dura jusqu’à la fin de 1796. Mulhouse négocia alors pour la conclusion d’un traité de commerce ou, tout au moins, pour la continuation du régime qui venait de prendre fin. Elle se heurta, de la part du Directoire, à un refus formel et comprit que toutes ses démarches, sauf celles qui viseraient sa réunion à la France, seraient inutiles. Dans ses Études statistiques sur l’industrie de l’Alsace, M. Charles Grad a reconnu ici l’influence prédominante des conditions économiques, et écrit (p. 179) que Mulhouse « demanda à être réunie à la France en 1798, afin de s’affranchir des droits de douanes qui gênaient son commerce ». Le principe de cette réunion fut acceptée par un vote, le 3 janvier 1798 et, les cantons helvétiques ayant autorisé Mulhouse à reprendre sa liberté, un traité conforme à ce vote fut signé avec la France à Mulhouse même, le 9 pluviôse (28 janvier) ; ce traité fut ratifié le lendemain par la bourgeoisie de Mulhouse et, le 11 ventôse (1er mars), par les Conseils des Cinq-Cents et des Anciens ; la réunion fut célébrée le 25 (15 mars). Genève était aussi une république indépendante, alliée de la Confédération suisse ; les Français entrèrent dans la ville le 26 germinal an VI (15 avril 1798) ; son territoire fut annexé à la France en vertu d’un traité signé à Genève le 7 floréal (26 avril), et la loi du 8 fructidor an VI (25 août 1798) en forma le département du Léman.

Je terminerai cet exposé des relations extérieures de la France par la mention des difficultés qui s’élevèrent entre le Directoire et les États-Unis d’Amérique. Leur ambassadeur, James Monroe, qui avait remis ses lettres de créance à la Convention le 28 thermidor an II (15 août 1794), était très bien vu dans le milieu gouvernemental français ; mais, rappelé par son gouvernement, il remit ses lettres de rappel au Directoire le 10 nivôse an V (30 décembre 1796), au moment où les relations entre les deux pays commençaient à être tendues. Un traité avait été, le 19 novembre 1794, signé à Londres par le représentant des États-Unis ; il accordait de tels avantages à l’Angleterre que sa ratification rencontra certaines résistances en Amérique. Cependant, après quelques modifications, les ratifications définitives finirent par être échangées à Londres le 28 octobre 1795, et Washington, président des États-Unis, publia et promulgua, le 29 février 1796, ce traité qui reconnaissait, en particulier, à l’Angleterre le droit de saisir sur les vaisseaux américains ce qui appartenait ou ce qui était destiné à une puissance avec laquelle elle était en guerre. Quoiqu’un autre article portât qu’aucune de