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un congrès des délégués de Modène, de Reggio, de Bologne et de Ferrare abolissait la féodalité, décrétait l’égalité civile et décidait de convoquer une nouvelle assemblée de délégués qui se réunit le 27 décembre pour voter la constitution de la République « cispadane », c’est-à-dire en deçà du Pô par rapport à Rome. Pendant ce temps, des traités étaient signés à Paris, le 19 vendémiaire (10 octobre) avec le roi des Deux-Siciles, le 15 brumaire (5 novembre) avec le duc de Parme, conformément aux armistices du 20 floréal (9 mai) et du 17 prairial (5 juin). Par un article secret de son traité qui n’avait abouti qu’après de laborieuses négociations, le roi des Deux-Siciles dont l’armistice de Brescia n’avait pas tiré d’argent, s’engageait à fournir dans l’espace d’un an la valeur de 8 millions de livres en denrées. D’autre part, tandis que Bonaparte songeait à reprendre la Corse, l’île se soulevait et les Anglais l’évacuaient (30 vendémiaire an V-21 octobre 1796).

Pour la troisième fois, l’Autriche faisait de grands préparatifs que lui permettaient les succès de l’archiduc Charles en Allemagne contre Jourdan et Moreau. Après Beaulieu et Wurmser, elle confiait sa nouvelle armée à Allvinczi qui prenait le commandement à la fin d’octobre. Tandis que Davidovich opérerait contre Trente, Roveredo et Rivoli et que Wurmser sortirait de Mantoue, Allvinczi devait se porter sur Bassano et Vérone.

Il franchissait la Piave le 12 brumaire (2 novembre) et marchait sur la Brenta. Dès qu’il eut connaissance de ce mouvement, Bonaparte faisait replier les forces qui étaient à Bassano et, ses troupes concentrées en arrière, il entrait en ligne le 16 (6 novembre). Mais les premières tentatives de l’armée française échouèrent, elle dut reculer partout. Repoussé à Caldiero — village à 15 kilomètres à l’est de Vérone — le 22 (12 novembre), Bonaparte manœuvra pour tourner son adversaire. Malgré une vigoureuse résistance, après trois jours de combats acharnés qui constituent la bataille d’Arcole (25, 26 et 27 brumaire-15, 16 et 17 novembre), Allvinczi dut battre en retraite ; Davidovich, à son tour, après un petit succès contre la division Vaubois, regagna les montagnes du Tirol. L’Autriche se hâta de remettre son armée en état, et Allvinczi put bientôt tenter un nouvel effort pour délivrer Mantoue. Les Impériaux entrèrent en mouvement le 18 nivôse an V (7 janvier 1797) ; tandis que Provera s’avançait vers Legnago, Allvinczi opérait sa jonction avec Davidovich près de Roveredo. Bonaparte arrivait le 23 (12 janvier) à Vérone ; le lendemain, la division du Tirol, à la tête de laquelle Joubert avait remplacé Vaubois, devait rétrograder jusqu’à Rivoli où, le 25 (14 janvier), Allvinczi était accablé. Dès le 26 (15 janvier) au matin, Masséna marchait contre Provera, qui avait réussi à passer l’Adige, et il parvenait le soir sous les murs de Mantoue. Les troupes de Masséna avaient combattu le 24 (13 janvier) près de Vérone, fait ensuite huit lieues pour atteindre Rivoli où elles se battaient le 25 (14 janvier) ; elles repartaient dans la matinée du 26 (15 janvier) et allaient encore se battre le 27 (16 janvier) devant Mantoue. Ce sont