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tembre) et, après une lutte inégale, Jourdan était de nouveau battu, le 17 (3 septembre), aux environs de cette ville. Durant le mouvement de retraite de son armée, Marceau tomba mortellement blessé, le 3e jour complémentaire de l’an IV (19 septembre 1796), à Herschbach, près d’Altenkirchen ; il mourut le surlendemain, il avait 27 ans. La conduite des généraux autrichiens en cette circonstance fut digne d’éloges ; ils rendirent un hommage mérité au jeune général républicain. Le 4e jour complémentaire (20 septembre), la division de Marceau repassait le Rhin à Bonn et le reste de l’armée de Sambre-et-Meuse franchissait la Sieg. Le 3 vendémiaire an V (24 septembre 1790), Beurnonville était chargé de remplacer, à la tête de l’armée, Jourdan démissionnaire. Une tentative des Impériaux contre le pont de Neuwied, fortifié par les Français, échoua les 29 et 30 vendémiaire (20 et 21 octobre) et une longue période d’inaction allait commencer.

De son côté, Moreau avait continué à avancer sans connaître le départ de l’archiduc ; lorsqu’il l’apprit, il était bien tard pour opérer une diversion favorable à Jourdan, avec lequel, d’ailleurs, Moreau ne s’entendait pas. Le 7 fructidor (24 août), l’armée de celui-ci traversait le Lech, et la plus grande partie, rassemblée vers Augsburg, défit La Tour à Friedberg. Mais Moreau, sans nouvelles de la France et de l’armée de Sambre-et-Meuse, craignit que l’archiduc, qui était décidé à ne se retourner contre lui qu’après avoir chassé Jourdan, ne manœuvrât sur ses derrières ; il crut prudent de regagner le Rhin et commença sa retraite suivi par les Impériaux de La Tour, inférieurs en nombre. Ceux-ci le serrant de trop près, il se décida enfin à les attaquer, le 11 vendémiaire (2 octobre), à Biberach et remporta une victoire complète. Il pénétra par le Val d’Enfer dans la Forêt-Noire ; le 21 (12 octobre), Saint-Cyr, et bientôt le reste de l’armée, entra dans Fribourg. À la suite de plusieurs combats, Dessaix repassa le Rhin à Vieux-Brisach, ce que faisait à son tour Moreau, le 5 brumaire (26 octobre), par le pont de Huningue. À la fin d’octobre, la communication était rétablie avec l’armée de Sambre-et-Meuse. Les Autrichiens assiégèrent le fort de Kehl et Huningue. Défendu par Desaix, le fort de Kehl céda, le 20 nivôse an V (9 janvier 1797), près deux mois de tranchée ouverte, la garnison emportant tout, même les palissades, et ne laissant que des décombres, au point que les Autrichiens demandèrent où était le fort. Huningue fut livré dans les mêmes conditions, le 17 pluviôse (5 février), après convention conclue le 13 (1er février) : « La garnison, a dit Jomini (t. IX, p. 221), se retira couverte de gloire, ne laissant aux assiégeants que des monceaux de terre ». Cet événement termina la campagne sur le Rhin, l’Allemagne était évacuée. Le 15 nivôse an V (4 janvier 1797), il était décidé que Moreau joindrait, au commandement en chef de l’armée de Rhin-et-Moselle, celui de l’armée de Sambre-et-Meuse ; Beurnonville retournait à la tête de l’armée du Nord.

C’est le 12 ventôse an IV (2 mars 1796) que fut acceptée la démission de