Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucune intention irrévérencieuse contre le grand art, j’ajouterai que c’est en 1796 que Pellerin créa l’imagerie d’Épinal.

Les graveurs en médailles étaient : Rambert Dumarest, Gatteaux père, Duvivier et Augustin Dupré auteur, dans notre période, de l’Hercule des pièces de 5 francs, et précédemment du Génie des pièces de 20 francs, qui étaient encore en 1898 les coins officiels.

La sculpture ne produisit guère que des œuvres de circonstance. Cependant de Houdon on eut, en 1796, son marbre la Frileuse ; de Pajou (1798) le buste en marbre d’un enfant ; de Clodion quelques essais au goût du jour, bien loin de valoir ses anciennes et gracieuses productions. Peuvent être mentionnés, en outre, Roland, Stouf, Delaistre, Deseine, Chaudet, Cartellier, Boizot, Boichot, Julien et Michallon.

Dans son imitation de l’antiquité, l’architecture fut encore plus détestable que la peinture et la sculpture : à l’extérieur, on abusa des cinq ordres sacrés de colonnes, des frontons triangulaires, des niches pour loger de mauvaises statues ; à l’intérieur, la décoration fut copiée sur les vases étrusques et les fresques de Pompéi ; les mêmes motifs servaient pour les diverses sortes d’édifices : la décoration n’était pas plus appropriée à la construction que celle-ci ne l’était à sa destination. Les architectes principaux furent : Chalgrin, Peyre qui, en 1795, proposait la réunion des Tuileries et du Louvre, Vignon, Brongniart, Gondouin, Gisors chargé de la construction de la salle du Conseil des Cinq-Cents au Palais Bourbon, Fontaine et Percier qui aidèrent Gisors dans son travail et qui publièrent, en 1798, Palais, maisons et autres édifices modernes.

Pour l’ameublement, la réaction contre les lignes contournées du style Louis XV, le retour à la ligne droite qui caractérise le style Louis XVI, s’accentua avec, en général, moins de gracieuse simplicité que n’en avait celui-ci, surtout à ses débuts, et plus de froideur théâtrale. Les ébénistes les plus réputés ; de l’époque furent Georges Jacob et François-Honoré Jacob, dit Jacob Desmalter, son fils et son successeur.

Tandis qu’on pataugeait dans le pastiche de l’antiquité, le Musée des monuments français de Lenoir était, pour des artistes et des lettrés, la révélation de l’art français du moyen âge et de la première Renaissance ; il jetait dans certains esprits les premiers germes d’une réaction qui devait aboutir à l’heureuse compréhension de cet art populaire, mais aussi, hélas ! à la substitution d’un pastiche à un autre, du bric-à-brac gothique au bric-à-brac romain ou grec.

La musique à son tour se modifia. Seulement ne pouvant, avec la meilleure volonté du monde, imiter l’art musical de l’antiquité, on prêta à cet art les qualités générales des œuvres classiques, la clarté et l’élévation de la pensée, la pureté de la forme, mais, parfois, avec plus de souci de celle-ci que du fond ; et, en cherchant, sous prétexte d’imitation de l’antiquité, à atteindre