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établissait deux nouvelles pour le commerce à Morlaix et à Arles. Elle établissait aussi pour les aspirants de marine trois corvettes-écoles à Brest, Toulon et Rochefort ; de là est sortie l’École navale. Cette même loi prévoyait enfin une « École des géographes » qui, établie à Paris, exerça ses élèves « aux opérations géographiques et topographiques, aux calculs qui y sont relatifs et au dessin de la carte ». On lit à son sujet dans la Statistique générale et particulière de la France, publiée en 1803 par l’éditeur Buisson (t. III, p. 32) : « Cette école des géographes vient d’être supprimée par un arrêté qui supprime en même temps le Bureau du cadastre ». L’ouvrage cité ne donne pas la date de cet arrêté qui est du 3 germinal an X (24 mars 1802). On s’était, bien entendu, préoccupé, avant la fondation de cette école, de fournir des cartes aux armées. Un arrêté du comité de salut public du 20 prairial an II (8 juin 1794) avait constitué, sous la direction de la commission des travaux publics, une « Agence des cartes et plans » chargée de centraliser les cartes et ouvrages géographiques de toutes provenances ; le même arrêté maintenait cependant le Dépôt de la Guerre, « dépôt particulier, extrait du dépôt général, où seront réunis toutes les cartes, plans et mémoires jugés utiles pour le courant des opérations des armées de terre et de mer ». Cette section de l’Agence « finit par absorber celle-ci ». À côté de cette Agence et de ce Dépôt, le comité de salut public créa pour son usage particulier, afin de suivre « les mouvements, les actions et les opérations des armées en présence », un « Cabinet topographique » divisé en plusieurs bureaux (3 fructidor an 11-20 août 1794) qui eut, à un moment, une assez grande importance ; Bonaparte, nous l’avons vu (chap. x), y fut attaché en août 1795 ; un arrêté du 22 floréal an V (11 mai 1797) le réunit au Dépôt de la Guerre qui était réorganisé (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée n° de décembre 1903, p. 482 et 483) ; une instruction réglementaire du 17 nivôse an VII (6 janvier 1799) définit de nouveau le service des ingénieurs géographes appelés « ingénieurs artistes », et détermina leurs attributions (colonel Berthaut, Les ingénieurs géographes militaires, 1er vol. p. 126 à 134).

Les Écoles polytechnique, d’artillerie, des ingénieurs militaires, des ponts et chaussés, des mines, des ingénieurs de vaisseaux, de navigation, de marine,et des géographes, dont je viens de parler, étaient destinées à assurer des services de l’État, elles constituèrent, d’après la loi du 30 vendémiaire an IV, les « Écoles de services publics » dont les élèves (art. 4) étaient salariés par l’État. La loi du 23 fructidor an VII (9 septembre 1799), « relative au personnel de la guerre », institua à Versailles, Lunéville et Angers trois « écoles nationales d’instruction des troupes à cheval » qui ont été l’origine de l’École de cavalerie de Saumur ; depuis un arrêté du Directoire du 16 fructidor an IV (2 septembre 1796), existait au Manège de Versailles une « école nationale d’équitation » où « chaque régiment de troupes à cheval »