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1794) décidant la création d’ « écoles révolutionnaires de navigation et de canonnage maritime » à la suite d’un rapport de Boissier portant qu’il fallait « créer des institutions navales dans les mêmes principes et à peu près sous les mêmes formes que celles qui vous ont présenté, dans les ateliers révolutionnaires pour la fabrication des salpêtres et des poudres et au Champ-de-Mars — (ceci doit être une coquille et il faut probablement lire : au camp de Mars, comme on appelait parfois le camp des Sablons où se trouvait l’École de Mars à laquelle il est sans aucun doute fait allusion), — des résultats dont l’inappréciable avantage est incontestable ». À l’exemple de l’École de Mars, ces écoles devaient avoir une durée limitée (du 20 pluviôse an III au 1er vendémiaire an IV-8 février au 23 septembre 1795). Le comité de salut public était chargé de désigner les ports où ces écoles seraient ouvertes.

L’École centrale des travaux publics ne fut organisée que le 7 vendémiaire an III (28 septembre 1794) ; ouverte le 10 frimaire (30 novembre), elle reçut, le 15 fructidor an III (1er septembre 1795), le nom d’École polytechnique. Les élevés, recrutés par voie de concours public, étaient externes et recevaient un traitement annuel de 1 200 francs pendant leur présence à l’École installée au Palais Bourbon ; des savants illustres tels que Berthollet, Lagrange, Monge et Vauquelin, furent les premiers professeurs. La loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795) fit de l’École des ponts et chaussées, de l’École des mines, de l’École des constructions navales ou des « ingénieurs de vaisseaux », conservées et réorganisées, de l’École d’artillerie déjà établie à Châlons-sur-Marne en sus des écoles régimentaires d’artillerie portées au nombre de huit par la loi du 18 floréal an III (7 mai 1795), et de l’École des « ingénieurs militaires » ou du génie que la loi du 14 ventôse an III (4 mars 1795) maintint à Metz, des écoles d’application se recrutant parmi les élèves de l’École polytechnique.

L’instruction publique, telle que voulait l’organiser la Convention, exigeait de nombreux maîtres. Afin de former en nombre suffisant des hommes immédiatement capables d’enseigner, elle créa, le 9 brumaire an III (30 octobre 1794), l'École normale. Les élèves âgés de 25 ans au moins, désignés par les administrations des districts à raison d’un pour 20 000 habitants, étaient externes et recevaient un traitement de 100 francs par mois pendant la durée des cours ; ainsi que ceux de l’École polytechnique, ils eurent comme professeurs les hommes les plus éminents de l’époque, grâce auxquels les sciences furent, pour la première fois, enseignées avec un éclat qui contribua à en propager le goût. Inaugurée le 1er pluviôse an III (20 janvier 1795), la première École normale fut dissoute le 30 floréal suivant (19 mai).

La loi du 30 vendémiaire an IV maintenait, en les appelant Écoles de navigation, les 34 écoles « d’hydrographie et de mathématiques » fondées en 1791, pour la marine de l’État et pour la marine de commerce ; elle en