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partement et à la portée de tous les enseignés ». La loi décidait qu’il y en aurait une par 300 000 habitant ; le programme, qui comportait les langues anciennes et vivantes, faisait, pour la première fois, leur place aux sciences ; chaque école avait treize professeurs et recevait, sous le nom d’ « élèves de la patrie », un certain nombre de boursiers. Par décrets complémentaires, l’un du 11 ventôse (1er mars) et l’autre du 18 germinal (7 avril), il était créé 5 de ces écoles à Paris et 96 dans 86 départements (1 dans 77, 2 dans 8 et 3 dans le département du Nord). Un arrêté du comité d’instruction publique du 8 germinal (28 mars), autorisa les professeurs des collèges à continuer leurs fonctions jusqu’à l’organisation de ces écoles ; mais celle-ci n’eut pas le temps d’être menée à bien. Le 9 messidor an III (27 juin 1795), la Convention décrétait que « les travaux relatifs aux dispositions à faire aux bâtiments destinés à recevoir les écoles centrales, et commencés par ordre des représentants du peuple en mission, seront suspendus dans toute l’étendue de la République à la réception du présent décret ».

La loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) régla de nouveau la question en ne favorisant pas plus l’enseignement secondaire que l’enseignement primaire. Elle n’établissait qu’une école centrale par département : le nombre des professeurs était ramené à dix ; l’enseignement, à tort spécialisé dès le début, était divisé en trois sections indépendantes : dans la première, on enseignait le dessin, l’histoire naturelle, les langues anciennes, et de plus, si l’administration du département le jugeait convenable et obtenait l’autorisation du Corps législatif, les langues vivantes ; dans la deuxième, les éléments de mathématiques, la physique et la chimie expérimentales ; dans la troisième, la grammaire générale, les belles-lettres, l’histoire et la législation. Les élèves devaient avoir douze ans pour entrer dans la première section, quatorze pour la deuxième et seize au moins pour la troisième. Il n’était plus question d’ « élèves de la patrie », mais d’élèves pouvant être dispensés de la rétribution « pour cause d’indigence ». Ces écoles ne recevaient que des externes. Pour ces divers motifs, elles étaient d’avance fermées à beaucoup de ceux qui en auraient certainement profité avec une autre organisation.

On était, semble-t-il, à la fin de notre période, tout disposé à changer de système au point de vue de l’internat. Au Conseil des Cinq-Cents, le 3 messidor an VII (21 juin 1799), Enjubault ayant, conformément à un message du Directoire, proposé l’établissement d’un pensionnat près de l’école centrale de Poitiers, Bonnaire s’exprimait ainsi : « L’établissement des pensionnats près les écoles centrales est le seul moyen de favoriser heureusement l’instruction publique dont l’avilissement fait gémir les amis de la République. La commission d’instruction doit vous proposer incessamment un projet général dont l’objet est de rendre commun à toutes les écoles centrales de France la mesure dont parle Enjubault. Je demande l’ajournement de tout projet partiel jusqu’après le rapport de la commission dont je suis membre ».