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particulièrement affectés, seront, conformément à la loi du 16 vendémiaire, perçus par un seul et même receveur et indistinctement employés à la dépense de ces établissements, de laquelle il sera néanmoins tenu des états distincts et séparés ». Cette loi et cet arrêté sont encore aujourd’hui les bases sur lesquelles est constituée la fortune de l’Assistance publique. La loi du 16 vendémiaire an V, en conservant les hospices « dans la jouissance de leurs biens », leur avait conféré la personnalité civile ; ils n’en eurent pas moins de graves difficultés pécuniaires à surmonter. Nous savons déjà qu’ils devaient cependant toucher une part des bénéfices de l’octroi et du Mont-de-piété ; diverses autres mesures furent votées pour remédier à leur situation. Ainsi, furent attribués aux hospices, par la loi du 9 germinal an VI (29 mars 1798), la presque totalité des amendes et saisies prononcées pour établissement de loteries clandestines et, par la loi du 27 brumaire an VII (17 novembre 1798), le produit net des bureaux de poids public. Malheureusement ces mesures ne furent guère appliquées. Les médecins, les employés, n’étaient pas payés ; au mois de floréal an VII (avril 1799), on devait leur traitement depuis plus de vingt mois à ceux des hospices de Paris (F. Rocquain, État de La France au 18 brumaire, p. XXXVI). Toutefois, d’après un rapport du général Lacuée (Idem, p. 237), les malades étaient bien plus mal avant 1789 qu’ils ne le furent pendant la Révolution ; celle-ci, à la malpropreté très catholique des institutions charitables de l’ancien régime, s’efforça, en effet, de substituer un service public d’assistance plus soucieux des devoirs de solidarité sociale et d’hygiène. Une lettre reproduite par M. Babeau dans son recueil, La France et Paris sous le Directoire (p. 117), prouve qu’en 1796 on s’occupait « minutieusement » d’assainir les salles des hôpitaux, d’après « les procédés chimiques » nous dit-on, de Fourcroy ; nous savons, d’autre part, qu’en l’an II c’était un procédé indiqué par Guyton de Morveau qu’on employait pour détruire les « miasmes putrides » des hôpitaux (Cours imprimés par ordre du comité de salut public pour servir à l’École de Mars, chap. supplémentaire) : dans un creuset de terre placé sur un réchaud, on mettait environ 275 grammes de sel marin sur lequel on versait à peu près 125 grammes d’acide sulfurique du commerce ; on obtenait ainsi des vapeurs d’acide chlorhydrique. L’instruction sur les moyens de prévenir l’infection de l’air dans les hôpitaux et de les purifier, rédigée en exécution du décret de la Convention du 14 pluviôse an II (2 février 1794), recommandait aussi les vapeurs du soufre en combustion.

Il était dit à la tribune des Cinq-Cents, le 24 fructidor an VI (10 septembre 1798), qu’il y avait dans les hospices de France, non compris ceux des départements de la Belgique, 161 832 personnes en comptant 51 042 enfants abandonnés. Il y avait, en particulier, dans les 20 hospices de Paris, 3 800 malades, 10 150 vieillards, 2 500 orphelins, 7 000 abandonnés, soit, en tout, 23 450 personnes. La loi du 27 frimaire an V (17 décembre 1796) avait décidé