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Sans doute, il y eut, aussi terribles et regrettables qu’inévitables, des explosions de fureur populaire provenant de souffrances longtemps subies et de ressentiments accumulés. Or si, au point de vue général de la justice comme au point de vue plus particulier de l’intérêt de leur cause, les hommes qui ont en ces moments la charge des affaires, doivent tenter les plus grands efforts pour empêcher de substituer les responsabilités des individus à des responsabilités de classe ou à des nécessités de situation, ils doivent aussi, quelque pénible que cela soit, savoir faire la part du feu : ils n’ont pas le droit de dépasser dans leur œuvre d’humanité le point au delà duquel leur

Plan du quartier des Tuileries sous la Convention.
(Tiré de l’ouvrage du baron Faix, Manuscrit de l’An III).


puissance d’action générale, leur influence, seraient brisées par leur obstination à intervenir malgré tout au bénéfice d’individualités ; ils n’ont pas le droit de compromettre dans l’espoir, chimérique d’ailleurs le plus souvent en ces terribles circonstances, d’être utile à quelques-uns, l’œuvre qui leur incombe au profit de tous.

Tant qu’il y aura des privilégiés, c’est à eux surtout qu’il appartiendra de prévenir les funestes représailles ; pour n’être pas les uns ou les autres personnellement victimes le jour où sont atteints leurs privilèges, ils n’ont, tandis que ceux-ci sont intacts, qu’à en jouir sans aggraver les conditions, normales peut-on dire, d’exploitation, et sans s’inféoder à ceux d’entre eux qui les aggravent. Quand, au début ou durant le cours d’une transformation sociale, se sont déchaînées les haines particulières, il est vraiment trop commode, mais très inique, de la part des historiens, de reprocher aux principaux