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Ainsi s’étendait jusque sur les administrations nationales le contrôle révolutionnaire de la Commune. Le 2 mai, la Commune insiste, tant il lui paraît important d’avoir sous son regard et dans sa main tous les agents de la République :

« Les commissaires nommés pour se transporter chez les ministres et vérifier les certificats de civisme des employés dans leurs bureaux, rendent compte de leurs premières démarches. Le Conseil, ajoutant à son premier arrêté, ordonne que la liste des employés dans les bureaux sera envoyée aux 48 sections. »

Comment auraient-ils pu dès lors se mêler au mouvement de la bourgeoisie girondine ou feuillantine ? Ils se sentaient étroitement surveillés. Le 4 mai, le ministre de l’intérieur, Garat, « se présente et donne ses observations sur l’opinion que le Conseil aurait pu se former d’après la lettre qu’il lui a écrite hier. Il assure qu’il met la plus scrupuleuse attention à se faire représenter les certificats de civisme des employés dans ses bureaux, et que, s’il s’en trouvait quelqu’un d’entre eux qui n’en eût pas, il ne resterait pas vingt-quatre heures en place. »

Le Conseil applaudit aux explications données par le ministre de l’intérieur. Cette démarche de Garat ne pouvait, en effet, qu’ajouter à la puissance et au prestige de la Commune, qui recevait, en quelque sorte, mandat officiel de veiller à la pureté civique de toutes les administrations.

Mais à côté de cette « autorité constituée » de la Commune, à côté de cette force révolutionnaire organisée surgissaient, en l’effervescence de ces jours d’orages, d’autres combinaisons, d’autres groupements de révolution.

Les sections, les comités révolutionnaires se rapprochaient, se fédéraient, tantôt pour des objets momentanés, tantôt pour une action durable. Parfois, ce n’étaient que des fédérations partielles, comme quand des sections voisines se prêtaient un mutuel appui pour l’écrasement des « contre-révolutionnaires », des modérés. Mais toutes les forces révolutionnaires de Paris tendaient le plus souvent, sous des formes variées et changeantes, à former une fédération totale. La Commune était un centre, un groupement légal ; mais précisément la Commune pouvait être gênée par les liens de la légalité. Elle avait été incertaine et timide en février, en mars : il fallait constituer des organismes révolutionnaires plus libres et plus souples, et les tentatives abondaient. Ce fut d’abord, quand la trahison de Dumouriez se précisa, l’initiative de la section des Droits de l’Homme, de celle-là même qui s’était audacieusement engagée en mars, et qui, désavouée par Marat, compromise par un malencontreux étendard fleurdelisé, aspirait à prendre sa revanche, à déployer le zèle de révolution un moment refoulé.

La Chronique de Paris, sous la rubrique : Commune de Paris, 1er avril, note cette première formation :

« Sur l’arrêté du 27 mars de la section des Droits de l’Homme, relatif