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mune déploie un grand zèle pour les obsèques de Lazowsky, qui avait été l’homme du Dix-Août :

« Le Conseil arrête que le maire et une députation du Conseil général assisteront au convoi de Lazowsky, capitaine de canonniers de la section du Finistère, et qu’il sera fait invitation au Conseil général du Dix-Août d’y assister avec sa bannière et le tableau des morts et blessés à cette mémorable journée, et que le drapeau martial sera brûlé sur la tombe de ce citoyen. »

Ainsi, pour le noter en passant, le drapeau rouge, quoiqu’il eût, par une sorte d’usurpation populaire et d’ironique défi, conduit, le jour du Dix-Août, une partie des assaillants, est resté encore en 1793 un emblème de la loi martiale et de la contre-révolution. Mais avec quel soin la Commune de 1793 évoquait le souvenir et le décor même de la Commune révolutionnaire du Dix-Août ! On sentait la fièvre grandir.

Pourtant, dans la question des subsistances, la politique de la Commune de Paris est encore incertaine. Je vois bien que le 18 avril la Commune prend part à la délibération provoquée par le Conseil général du département de Paris au sujet des subsistances, et qui aboutit à la motion sur le maximum des grains.

« Le procureur de la Commune, dit le compte rendu du Moniteur, annonce au conseil qu’en conséquence de la convocation faite par le département de Paris de toutes les communes de son arrondissement, le maire, les officiers municipaux et lui, se sont transportés au lieu du rassemblement indiqué dans la salle des Jacobins ; que là des commissaires ont été nommés pour la rédaction d’une adresse à la Convention nationale, relativement aux subsistances ; que la principale disposition de cette adresse portait l’invitation à la Convention de fixer annuellement le prix des grains, en prenant le quintal pour mesure. »

Comme on voit, ce n’est pas de la Commune même, pourtant si agissante, si abondante en démonstrations, que vient l’initiative. Il semble que le département ait été plus près que la Commune des Enragés, qui avaient pour programme la taxation.

De même que c’est le département qui avait proposé aux autorités constituées de Paris le maximum, c’est le président du département qui formula la pétition devant la Convention :

« Nous venons, au nom des citoyens de tout le département de Paris, vous instruire de nos maux et vous présenter les moyens d’y remédier. Depuis quatre ans, il n’est pas de sacrifices que le peuple n’ait faits à la patrie ; pour prix il vous demande du pain. Les mesures que nous vous offrons ont déjà force de loi dans l’opinion publique. Il s’agit de la classe indigente pour laquelle le législateur n’a rien fait quand il n’a pas tout fait. Qu’on n’objecte pas le droit de propriété. Le droit de propriété ne peut être le droit d’affamer ses concitoyens. Les fruits de la terre, comme l’air, appartiennent à tous les