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les Constituants, le vrai catéchisme c’est la Déclaration des Droits de l’homme : ils affirment de la façon la plus nette que la morale ne doit pas être déduite des dogmes religieux, mais qu’elle doit être indépendante, commune aux hommes de toutes les croyances et de toutes les confessions. Par là, malgré « les éléments de religion », l’école révolutionnaire, telle que la conçoit la Première Assemblée, est essentiellement laïque, puisque la religion n’y est plus le guide de la vie.

« Il faut apprendre à connaître la Constitution. Il faut donc que la Déclaration des droits et les principes constitutionnels composait à l’avenir un nouveau catéchisme pour l’enfance, qui sera enseigné jusque dans les plus petites écoles du Royaume. Vainement on a voulu calomnier cette Déclaration ; c’est dans les droits de tous que se trouveront éternellement les devoirs de chacun »…

« Il faut apprendre à perfectionner la Constitution. En faisant serment de la défendre, nous n’avons pu renoncer, ni pour nos descendants, ni pour nous-mêmes, au droit et à l’espoir de l’améliorer. Il importerait donc que toutes les branches de l’art social puissent être cultivées dans la nouvelle instruction ; mais cette idée, dans toute l’étendue qu’elle présente à l’esprit, serait d’une exécution difficile au moment où la science commence à peine à naître.

« Toutefois il n’est pas permis de l’abandonner, et il faut du moins encourager tous les essais, tous les établissements partiels en ce genre, afin que le plus noble, le plus utile des arts ne soit pas privé de tout enseignement. »

« Il faut apprendre à se pénétrer de la morale qui est le premier besoin de toutes les Constitutions. Il faut donc, non seulement qu’on la grave dans tous les cœurs par la voie du sentiment et de la conscience, mais aussi qu’on l’enseigne comme une science véritable, dont les principes seront démontrés à la raison de tous les hommes, à celle de tous les âges. C’est par là seulement qu’elle résistera à toutes les épreuves. On a gémi longtemps de voir les hommes de toutes les nations, de toutes les religions, la faire dépendre exclusivement de cette multitude d’opinions qui les divisent. Il en est résulté de grands maux, car en la livrant à l’incertitude, souvent à l’absurdité, on l’a nécessairement compromise, on l’a rendue versatile et chancelante. Il est temps de l’asseoir sur ses propres bases, il est temps de montrer aux hommes que si de funestes divisions les séparent, il est du moins dans la morale un rendez-vous commun où ils doivent se réfugier et se réunir. Il faut donc, en quelque sorte, la détacher de ce qui n’est pas elle, pour la rattacher ensuite à ce qui mérite notre assentiment et notre hommage, à ce qui doit lui prêter son appui. Ce changement est simple, il ne blesse rien ; surtout il est possible. Comment ne pas voir, en effet, qu’abstraction faite de tout système, de toute opinion, et en ne considérant dans les hommes que leurs rap-