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l’accompagnent, « M. de Narbonne à la tête », comme nous l’apprend une lettre du 19 décembre de l’abbé Salamon. M. de Narbonne faisait, si je puis employer une expression toute moderne, figure de président du Conseil. Il apparaissait comme le chef du ministère. Le roi debout et découvert lut à l’Assemblée une déclaration…

« Vous m’avez fait entendre qu’un mouvement général entraînait la nation et que le cri de tous les Français était : « Plutôt la guerre qu’une « patience ruineuse et avilissante. » Messieurs, j’ai pensé longtemps que les circonstances exigeaient une grande circonspection dans les mesures ; qu’à peine sortis des agitations et des orages d’une révolution et au milieu des premiers essais d’une Constitution naissante, il ne fallait négliger aucun des moyens qui pouvaient préserver la France des maux incalculables de la guerre. Ces moyens je les ai tous employés… L’empereur a rempli ce qu’on devait attendre d’un allié fidèle en défendant et dispersant tout rassemblement dans ses États. Mes démarches n’ont pas eu le même succès auprès de quelques autres princes : des réponses peu mesurées ont été faites à nos réquisitions. Ces injustes refus provoquent des déterminations d’un autre genre. La nation a manifesté son vœu : vous l’avez recueilli, vous en avez pesé les conséquences ; vous me l’avez exprimé par votre message ; Messieurs, vous ne m’avez pas prévenu ; représentant du peuple, j’ai senti son injure, et je vais vous faire connaître la résolution que j’ai prise pour en poursuivre la réparation.

« Je fais déclarer à l’électeur de Trêves, que si avant le 15 de janvier, il ne fait pas cesser dans ses États tout attroupement et toute disposition hostile de la part des Français qui s’y sont réfugiés, je ne verrai plus en lui qu’un ennemi de la France. (Vifs applaudissements et cris de : Vive le roi.) Je ferai faire une semblable déclaration à tous ceux qui favoriseraient de même des rassemblements contraires à la tranquillité du royaume et en garantissant aux étrangers toute la protection qu’ils doivent attendre de nos lois, j’aurai bien le droit de demander que les outrages que les Français peuvent avoir reçus soient promptement et complètement réparés. (Applaudissements.)

« J’écris à l’Empereur pour l’engager à continuer ses bons offices, et, s’il le faut, à déployer son autorité comme chef de l’Empire pour éloigner les malheurs que ne manquerait pas d’entraîner une plus longue obstination de quelques membres du Corps germanique. Sans doute on peut beaucoup attendre de son intervention ; mais je prends en même temps les mesures les plus propres à faire respecter ces déclarations. (Applaudissements.)

« Mais en nous abandonnant courageusement à cette résolution, hâtons-nous d’employer les moyens qui seuls peuvent en assurer le succès. Portez votre attention, Messieurs, sur l’état des finances ; affermissez le crédit national ; veillez sur la fortune publique ; que vos délibérations toujours sou-