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par leur concours au bien de l’humanité, à la grandeur du pays, à la vie complète et supérieure de l’esprit et de la conscience. Il y aura ainsi dans la jeunesse une âme commune et comme une flamme nouvelle dont l’Université sera le foyer central.

Puis, cette Université, pouvant disposer de ressources propres dont la destination générale sera indiquée par les donateurs, aura avec la région des liens que les Facultés dispersées n’ont pas. Elle restera nationale, mais elle sera aussi régionale. Par là même, la région tout entière s’y intéressera comme à son œuvre et aussi comme à son honneur. Les maîtres ne seront pas, ou ils seront beaucoup moins, des fonctionnaires de passage : ils trouveront dans la vie commune et éclatante de l’Université de quoi les retenir ; ils ne seront plus tentés au même degré de considérer la province comme un lieu d’exil et Paris comme la terre promise. Il y aura une véritable décentralisation de la vie intellectuelle.

Enfin, il sera possible à ces Universités régionales françaises d’entrer en relation de courtoisie et de camaraderie scientifique avec les Universités étrangères. Aujourd’hui, si l’enseignement supérieur français veut, soit pour fêter une grande date de l’esprit humain, soit pour donner un retentissement universel à une découverte récente, soit pour organiser des recherches collectives, inviter les Universités étrangères et les