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l’unité de la science. Toutes les sciences ont besoin les unes des autres ; elles se soutiennent et se fécondent les unes les autres : la médecine et les sciences naturelles et chimiques sont en relation étroite ; les lettres, l’histoire, la philosophie et le droit forment un ensemble qu’on ne peut démembrer sans péril. S’il est nécessaire que les étudiants se spécialisent, en vue de la profession à exercer, il est nécessaire aussi qu’ils ne soient pas comme murés dans une spécialité étroite ; il faut qu’ils gardent le sentiment de l’unité de la science qui traduit l’unité de l’esprit humain. L’Université, par son nom même, leur rappellera sans cesse cette universalité de pensée qui aide le savant jusque dans sa spécialité et qui fait l’homme. En fait, il sera possible d’aménager des points de contact et de pénétration entre les diverses sciences et les divers enseignements que le régime actuel des Facultés isole arbitrairement.

La jeunesse sera ainsi pénétrée, et pour la vie, d’un très haut esprit : elle sentira de bonne heure que le tout n’est pas d’exercer telle ou telle profession, mais de l’exercer en homme, c’est-à-dire en comprenant toujours le rapport qu’elle a à l’œuvre générale de civilisation. Il ne sortira plus seulement de nos Facultés des avocats, des médecins, des professeurs, mais tous auront eu, dès l’Université, l’idée que les professions particulières et les sciences particulières ne valent que