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Dans les nuits sans lune, les astres brillent, mais ils n’éclairent pas sensiblement la terre ; elle est toute noire, et les étoiles semblent resplendir pour elles-mêmes dans les hauteurs : il y a comme divorce du ciel et de la terre. De même, il y a dans l’âme du paysan divorce entre la vie machinale à laquelle il a été condamné et les espérances immortelles que l’Église a gravées à la surface de son esprit, mais qu’elle n’a point fondues dans son existence quotidienne. Elle a imposé des dogmes du dehors ; elle n’a pas éveillé la pensée intime. Le premier soin de l’Église, si elle voulait faire pénétrer vraiment l’esprit chrétien jusqu’au fond des âmes, devrait être d’aider et non de combattre ceux qui, comme nous, veulent éveiller partout la pensée ; mais l’Église ne songe qu’à sa domination. C’est à nous d’amener peu à peu la démocratie rurale à la pensée personnelle.