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parle tant aujourd’hui sont impossibles, si l’on n’a pas un idéal supérieur.

Lois d’affaires tant qu’on voudra, mais fera-t-on, en faveur des classes laborieuses, de simples lois d’assistance et de philanthropie, ou bien fera-t-on des lois d’émancipation, c’est-à-dire des lois qui les préparent peu à peu à la puissance économique ?

Lois d’affaires, réformes pratiques, je veux bien ; mais se bornera-t-on à remanier quelques tarifs de pénétration imposés par le calcul de la haute banque au travail national, sauf à laisser la haute banque prendre sa revanche le lendemain par les mille moyens dont elle dispose ? ou bien voudra-t-on décidément contenir le pouvoir démesuré de la haute finance, et s’appliquera-t-on pour cela à favoriser, à préparer dans le pays de puissantes fédérations du travail industriel et du travail agricole, qui puissent, par leur accord, disputer à la finance internationale l’initiative et le gouvernement des grandes entreprises, et contenir les ambitions du capitalisme par la force combinée du travail et du capital ?

Lois d’affaires et réformes pratiques tant qu’on voudra, les mots importent peu,, à moins qu’on ne veuille, en rabaissant les mots, rabaisser aussi les choses. Quelque modeste que soit l’œuvre de chaque jour, elle doit être ordonnée en vue d’un but, et, si ce but n’est pas toujours très haut et toujours en évidence, l’œuvre